J’ai lu « José » il y a quelques mois. J’ai beaucoup aimé, je n’en ai jamais parlé ici parce que j’avais peur de ne pas savoir rendre la petite musique de ce livre si tendre, si touchant. Richard Andrieux, auteur-compositeur, signe là (d'une plume qui touche toute mère les amies, je vous le garantis!) son premier roman. L'idée de l'inviter au Pierrot, me traverse l'esprit tous les matins...
Alors voilà l'histoire de José, dites-moi vite si ça vous tente...
José, c’est un petit garçon de 9 ans, une sorte de petit prince d'aujourd'hui, seul lui aussi devant l’absurdité de notre monde d’adultes. Sa planète imaginaire est sa chambre où les objets portent des noms : son lit s’appelle « voyage », le bougeoir est « colonel », le bureau "chêne", le plafond devient « nuage »… Ce sont ses amis avec lesquels il discute pendant des heures. Avec une infinie pudeur l’auteur explore l’imaginaire de cet enfant qui n’a jamais connu son père, qui s’enferme dans sa chambre pour ne plus voir sa mère regarder la télé. Nous le regardons, impuissants, se murer dans son monde, nous regardons sa mère qui essaye de l’en sortir ; elle l’amène chez le médecin, lui écrit une lettre poignante sur sa solitude à elle, sa douleur face aux silences de son fils... Pas de réponse de son étrange petit bonhomme .
Hélène, sa mère, est licenciée. Elle ne sort plus que pour faire les courses ou pour amener son fils chez la pédospy. Le reste de son temps, elle le passe devant la télévision, « compagne fidèle où il se passe toujours quelque chose » Elle commence à boire. Et ils s’enfoncent encore plus, chacun dans son monde, chacun incompris de l’autre. Jusqu’à la mort de la mère. José sort un peu de sa chambre pour penser à elle :
« Est-ce que ses mains tremblent encore sous la terre ? Est-ce qu’elle a froid ? Est-ce qu’elle a les yeux ouverts ? Et si elle a les yeux ouverts, est-ce qu’elle regarde encore la télé le soir ? Mais non, ce n’est pas possible, il n’y a pas de télé dans la terre (…) La mort. Maman, c’est quoi la mort, c’est quoi ? ».
Et puis José ne parle plus. Il reste dans son lit. Il ne mange plus. Une longue thérapie commence. Il fait peine à voir dans son pyjama bleu ciel devenu trop grand. « Ses petits mains posées sur le ventre il ressemble à une poupée que l’on aurait délaissée trop longtemps ».
On a peur pour lui. Peur qu’il se perde dans son monde où les adultes ne savent pas pénétrer. Je ne vous raconte pas la fin, qui n’est pas celle que vous croyez…
Poétique, poignant, ce « José » m’a émue aux larmes.
Ah, j'oubliais... Il n'y a pas que moi qui suis amoureuse de "José":
« José » de Richard Andrieux,
Prix du 1er roman de la Forêt des Livres,
117 pages, 15 euros, éditions Héloise d’Ormesson
Photo: La Forêt des Livres, Richard Andrieux au milieu avec Gonzague Saint-Bris et Jean-Marie Rouart .
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